Cette peinture sous verre du XVIe siècle est le rare témoignage d'une technique longtemps attribuée aux seuls ateliers vénitiens mais pratiquée en réalité au nord des Alpes, comme le prouve notamment le Retable de Villefranche-de-Rouergue conservé au Musée national de la Renaissance. Elle est composée d'un élément central figurant sainte Madeleine, encadré de cinq plaques serties de plombs, ornées de deux colonnes et de rinceaux. Cette réalisation picturale de grande qualité renvoie par sa mise en page autant que par son style aux productions des peintres anversois du premier quart du XVIe siècle. Si plusieurs productions de Quentin Metsys (1466-1530) et du Maître de la Madeleine Mansi (actif vers 1515-1525) offrent d'intéressants éléments de comparaison par leur composition, l'analogie stylistique la plus convaincante renvoie au Maître de 1518, dont une Sainte Madeleine présente le même traitement du visage, des cheveux, de la bouche et des mains (Londres, National Gallery). Une autre peinture sous verre de même sujet, conservée au Kunstgewerbemuseum de Berlin, présente par ailleurs de fortes affinités avec celle acquise par Ecouen. Son attribution traditionnelle à un atelier actif aux Pays-Bas méridionaux vers 1510-1520 corrobore les rapprochements effectués avec la peinture anversoise des années 1515-1530, et incite une fois encore à y reconnaître une rare peinture sous verre nordique de la Renaissance. L'hypothèse d'une fabrication anversoise de cette œuvre demeure donc la plus probable, bien qu'il ne soit pas possible de réfuter catégoriquement celle d'une création amstellodamoise inspirée par celles des proches de Quentin Metsys.