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Les guerres d''Italie

On ne saurait comprendre la Renaissance française, cette vision radicalement novatrice de la société qui croyait revenir à un âge d'or de l'Antiquité quand elle inventait en réalité les Temps modernes, si l'on ne se réfère pas à l'extraordinaire aventure des guerres d'Italie.

En France, au XVe siècle, la tradition gothique qui avait connu un déploiement si spectaculaire, régnait encore. Puis, ses rois s'avisèrent d'aller voir au-delà des Alpes. Ce fut l'éblouissement. Dès lors, comme l'écrit si joliment l'historien d'art Elie Faure, " La monarchie française ne pouvait refuser à l'art italien une sympathie très ardente ".Le premier à mener une expédition italienne est Charles VIII. Le royaume de Naples a échappé en 1442 à la dynastie française des Angevins au profit des Aragonais. Charles VIII reprend le flambeau à la mort du dernier comte du Maine et en 1494, c'est une furieuse cavalcade à travers la péninsule italienne qui le mène à Naples où il est couronné roi. La suite est plus malaisée puisque les forces en présence, papauté comprise, le contraignent à rentrer précipitamment en France. N'importe. C'est une histoire passionnée qui vient de s'engager entre l'Italie, mosaïque d'États et de principautés, et la France, histoire qui ne connaîtra de répit qu'en 1559 avec le traité de Cateau-Cambrésis. Pour l'heure, Louis XII, à son tour, se jette dans l'aventure italienne. Il occupe Milan de 1499 à 1512, date à laquelle il est vaincu par une coalition comprenant le Saint Empire, l'Espagne, l'Angleterre, Venise et les Suisses, tous rassemblés par le pape. François 1er, enfin, relève le gant, et veut faire valoir ses droits sur le Milanais, ce que lui assure la victoire de Marignan. Mais il se heurte à Charles Quint, allié à Henri VIII d'Angleterre. L'armée française et la fleur de sa noblesse sont fauchées à Pavie en 1525, le roi fait prisonnier et emmené à Madrid, qu'il ne quittera qu'en échange d'un traité inique et de ses deux fils aînés, qui seront retenus quatre ans dans les geôles de l'empereur. Libéré, François 1er poursuit ses campagnes d'Italie par la voie diplomatique, s'assurant la neutralité de l'Angleterre, des alliés dans la Péninsule, un rapprochement amical avec Soliman. Il reçoit même Charles Quint à Paris (après avoir épousé sa soeur, il est vrai) Rien n'y fait et le Milanais restera hors d'atteinte de son ambition. Henri II, lui, finira par signer le compromis de Cateau-Cambresis, qui lui assure les frontières du Nord et de l'Est mais le fait renoncer à l'Italie.

Reste que la vie en France, celle des arts et des mentalités, ressort bouleversée de ces expéditions. Dans un premier temps, l'italianisation touche l'ornementation des façades, tandis que les volumes restent gothiques. Puis, après 1540, cette Renaissance créée ses propres canons, et le génie national pose son empreinte originale sur l'histoire du style.