Ce petit diplôme est signé Jeanne Louise Henriette Campan, née Genet, plus connue sous le nom de madame Campan, ancienne femme de chambre de la reine Marie Antoinette devenue directrice de la maison d’éducation des jeunes filles de la Légion d’honneur, installée au château d’Ecouen à partir de 1807. L’identité de mademoiselle Rey n’a pas encore pu être précisée. Le niveau des élèves était identifié par des ceintures de couleur (ici le « nacarat liseré », correspondant à une sorte de rouge) et les élèves étaient réparties en trois divisions, chacune étant divisée en quatre sections. La numérotation des sections étant continue, les sections une à quatre relevaient de la première division (soit le niveau le plus bas), les sections cinq à huit de la deuxième division et les sections neuf à douze de la troisième division (soit les niveaux les plus hauts). Les élèves n’étaient pas réparties dans les sections selon leur âge, mais selon leur niveau.
Cette carte de contentement est un document très représentatif du système éducatif mis en place par madame Campan. L’encadrement est divisé en deux parties : en haut, les disciplines intellectuelles, avec à gauche l’écriture, le calcul, l’histoire, la géographie et l’éducation religieuse. Le « catéchisme de l’empire » qui est y est représenté fait allusion à la refonte du catéchisme de Bossuet entreprise à l’instigation de Napoléon par un décret du 4 avril 1806. Le dessin occupe le côté droit, avec des instruments, mais aussi un buste et des recueils gravés qui rappellent que cet enseignement reposait sur la copie des maîtres et sur l’étude d’après des modèles sculptés. Le dessin devait jouer un rôle important dans le programme éducatif de madame Campan, comme le rappellent les bulletins émis dans sa pension de Saint-Germain où deux notes spécifiques étaient accordées pour le dessin de fleur et pour le dessin de figure et de paysage. En partie basse, un premier projet de carte comportait des objets en rapport avec la musique, dont la partition située à dextre est le seul souvenir. Cette partie fut transformée sur la demande de l’Empereur pour intégrer des objets de la vie domestiques rappelant que l’éducation des jeunes filles les destinait en priorité au rôle de mère et de gestionnaire du foyer : une louche et une écumoire évoquent la cuisine, un plumeau, le ménage ; ils sont complétés par un écheveau de laine auquel pend un fuseau. A droite, c’est la couture qui est à la place d’honneur avec une robe, un panier et une boîte à couture et une tapisserie (ou une broderie ?) tendue sur un métier.
Pour des raisons de date, il faut identifier le graveur avec Antoine Claude François Villerey, plutôt qu’avec son fils, Auguste, né en 1801 et donc trop jeune au moment où cette carte fut gravée. Le musée de Sceaux conserve un autre tirage de ce diplôme mais celui-ci est resté vierge.
Don de madame Sylvie Bonhomme
Eau forte et burin
Vers 1807-1810
Signé « Genet-Campan » et daté du 1er janvier 1810