De taille plus réduite que les grands coffres destinés à transporter les tapisseries, la vaisselle et les vêtements, les petits coffres également désignés sous le terme de "cassette" étaient aussi employés à serrer des papiers ou des objets précieux. Aux XVIe et XVIIe siècles, ils peuvent aussi recevoir des objets de toilette et sont parfois mentionnés dans les inventaires comme "cassettes de nuit", c'est-à-dire qu'on y plaçait les accessoires de toilette (miroir, peignes, brosses, flacons, poudres, onguents) utilisés lors du coucher.
Composé d'une âme en résineux, le coffret est doté d'un couvercle qui a perdu ses charnières et ses crochets de fermeture, d'une petite serrure et de poignées latérales en laiton.
Les quatre côtés et le couvercle sont entièrement recouverts de broderie au petit point, représentant cinq scènes de l'Histoire de Moïse (Exode). Ces scènes reproduisent des vignettes de Bernard Salomon (vers 1508-1551) gravées pour les Quadrins Historiques de la Bible de Claude Paradin publiés par Jean de Tournes à Lyon en 1553. Largement diffusées, elles ont considérablement influencé les arts décoratifs dans la seconde moitié du XVIe siècle. Elles étaient bien connues des ateliers français tant dans le domaine de la céramique, de l'émail peint que du textile.
la forme rectangulaire des vignettes de Bernard Salomon était aisée à adapter à celle de panneaux brodés. Le brodeur est demeuré assez fidèle à son modèle notamment dans la pose des personnages, le détail des bâtiments de l'arrière-plan ou encore le traitement très graphique de l'eau et des nuages. La gamme des couleurs particulièrement bien conservée révèle l'inventivité de l'artisan qui a su rendre par des effets de dégradés les ombres voulues par le graveur. Si l'iconographie de l'Histoire de Moïse est récurrente dans l'art du textile, la scène du mariage de Moïse a rarement été choisie par les brodeurs ; sa présence sur le couvercle du coffret pourrait indiquer que cet objet a pu être offert à l'occasion d'un mariage.
La broderie au petit point était une technique très en vogue en Europe entre 1570 et 1610. Pratiquée par des brodeurs professionnels ou par les femmes aristocrates, elle consistait à réaliser des points à l'aiguille sur canevas.
Enfin, de par son iconographie religieuse, ce coffre révèle l'intensification du sentiment religieux à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle, liée à la fois à la Réforme et à la Contre Réforme ainsi qu'à un accès plus aisé aux textes bibliques comme à la volonté de les illustrer.
A retrouver au 1er étage (Salle des broderies de l'Arsenal)
Broderie au petit point de laine, soie et filés métalliques or et argent sur canevas; damas; laiton; âme en bois
Dernier tiers du XVIe siècle (1553 pour les modèles gravés)