Le buste de la reine de France se détache sur un fond sombre devant une balustrade recouverte d’une étoffe bleue. Son visage long et pâle et ses épaules sont légèrement tournées vers la gauche et son regard se perd dans le lointain. Ses cheveux blonds sont retenus dans une coiffe noire rehaussée d’une sorte de diadème orné de perles et qui se prolonge dans le dos par un voile.
Éléonore est la sœur préférée de Charles Quint qui n’hésite pourtant pas à la marier pour servir ses ambitions politiques. Veuve d’Emmanuel Ier du Portugal, il lui fait épouser, en seconde noce, François Ier de France en 1526. Fière de ses origines et désireuse de préserver son identité au sein d’une cour hostile, elle s’habille à la mode espagnole. Parmi ses nombreux bijoux, elle préfère les colliers de perles qu'elle porte abondamment sur ses robes et tresse dans sa chevelure. Après une période de bienveillance, François Ier la prie d’adopter la mode française.
La reine de France influence de manière décisive les affaires internationales en organisant des rencontres entre son frère et son mari. Intermédiaire diplomatique en faveur de la paix, elle tient aussi un rôle majeur dans la vie artistique de son pays d’adoption.
A la Renaissance, les plaques et la vaisselle émaillées n’ont plus uniquement un usage religieux. Le goût des souverains français pour les émaux peints se manifeste surtout à partir de 1536, date à laquelle a été réalisé ce portrait d’Éléonore. Il est le premier d’une longue série d’effigies royales que l'on doit à Léonard Limosin, le maître incontesté des émaux. À l’aide de pinceaux très fins, il sait transcrire avec une extrême fidélité les traits de ses modèles et porte à la perfection une technique développée dans la région de Limoges depuis le XIIe.