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Arts du feu

Plat d'Iznik dit " au jeune homme à la lettre "

Plat dit " au jeune homme à la lettre "Terre siliceuse engobée Iznik 2e moitié du XVIe siècle Diam. 0,305 m ECL 8374

On sera sans doute étonné de trouver au Musée national de la Renaissance une belle collection de céramique ottomane. Ces 532 pièces (plats, bouteilles, coupes, plats à anses) ont été rassemblées au XIXe siècle par Auguste Salzmann, le Consul de France à Rhodes et acquises par le gouvernement, pour le Musée de Cluny, entre 1865 et 1872. Longtemps, on a attribué cette céramique à l'art de potiers persans, qui auraient été prisonniers des chevaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem à Rhodes (Lindos pour les Grecs). En vérité on est aujourd'hui certain que cette production est issue de la ville d'Iznik, en Turquie, l'antique Nicée. On continue néanmoins à les appeler "faïences de Rhodes" ou "de Lindos". Leur technique de fabrication est tout à fait particulière : il ne s'agit pas de faïence mais de terre siliceuse qu'on mélange à un peu d'argile et de fritte plombifère et qu'on enduit d'un engobe blanc. La pièce sèche au soleil puis est colorée par des oxydes métalliques, posées au pinceau. Elle reçoit ensuite une glaçure transparente incolore qui contient de l'étain et est cuite dans un four clos. La création de cette vaisselle répond à un goût très vif des souverains ottomans pour la céramique chinoise. Les premiers décors (de 1530 à 1555) sont donc bleus sur fond blanc, à l'imitation des porcelaines de l'époque Ming, même si les potiers imposent vite un répertoire personnel, composé de tulipes, de jacinthes, d'oeillets et de roses. À partir de 1555 apparaît le rouge d'Iznik ou bol d'Arménie, argile appliquée en couche épaisse et qui permet enfin de poser le vermillon sur des poteries de grand feu. On peut donc dater à coup sûr ce plat de la seconde moitié du XVIe siècle. En revanche, l'explication de la scène prête à controverses : ce jeune homme enturbanné, vêtu d'un caftan, est-il turc ou persan ? Selon les versions, la lettre qu'il tient pourrait signifier : "Quels tourments ! Qu'ai-je fait pour être tellement tourmenté et dans l'exil ?" Ou "dans mon c?ur, il y a l'espoir de revoir l'objet désiré ".