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Arts de la laine et de la soie

La Chute de Phaéton, tapisserie de Bruxelles

La Chute de PhaétonTapisserie Bruxelles vers 1540 ? H. 4, L. 19m EC249B

Le XVIe siècle consacre, même s'il y apporte quelque évolution stylistique notable, le rôle que le moyen âge avait accordé à la tapisserie :celui d'un art de premier plan. Elle est de toutes les fêtes, de tous les événements. Ainsi la Cour de France est-elle très fière lors de la rencontre du Camp du Drap d'or, d'exposer les Victoires de Scipion. Brantôme, quant à lui, s'émerveille du Triomphe de Scipion, que François 1er fait déployer à l'entrevue de Bayonne. Les inventaires de l'époque recensent chez les collectionneurs, royaux ou grands seigneurs, des quantité impressionnantes de tapisseries. Le connétable de Montmorency en possède 131 dans son hôtel parisien et 113 dans son château de Fère-en-Tardenois. Quant à l'Italie, elle met bien souvent sur le même plan tapisserie et peinture et on le voit lorsque le Pape Léon X décide de compléter la décoration de la chapelle Sixtine par des tapisseries dont les cartons ne sont rien moins que Les Actes des Apôtres de Raphaël. Les inspirations sont multiples, et si l'on délaisse les romans de chevalerie, on utilise aussi bien les Écritures que la mythologie, la vie des saints que l'histoire antique. Surtout, on commémore les victoires. La tapisserie tisse la légende dorée des princes de ce siècle et les peintres les plus illustres sont appelés à cette tâche : Raphaël, Jules Romain, Primatice, Pontormo, Véronèse. Sous leur influence, la tapisserie va changer de style. Les figures cessent d'être étagées (ce qui est encore le cas pour David et Bethsabée) et s'ordonnent dans des scènes où entrent l'espace et la lumière. Ici, "l'éparpillement" de Phaéton en est un magnifique exemple. Le nombre des couleurs augmente. Là où le moyen âge tissait 20 nuances, 50 apparaissent au XVIe siècle (et l'on introduit des fils et d'argent pour les plus somptueuses). Enfin, et surtout, sous l'impulsion de Raphaël, les bordures se transforment. D'étroites et relativement stéréotypées au XVe siècle, elles deviennent larges pour mieux intégrer un univers décoratif véritablement grotesque.