Chape

Accrochage 2017-2018

Le velours, étoffe reine de la Renaissance (XVIe et XVIIe siècles)

Le mot « velours » vient du latin villosus qui signifie « velu ». Techniquement le velours est un tissu dont la surface est couverte de boucles ou de poils dressés au-dessus d’une autre armure (satin, taffetas). Boucles et poils sont obtenus par les fils d’une chaîne ou d’une trame supplémentaire intégrée au tissage.

 

Dès les années 1300, la ville toscane de Lucques devient un centre de tissage de la soie de premier plan en Europe. Le velours y était probablement tissé depuis bien plus longtemps. Durant le XIVe siècle, en raison de conflits politiques entre les tenants de la Papauté (les Guelfes) et ceux de l’Empire (les Gibelins), de nombreux marchands et tisserands émigrent vers d’autres villes italiennes.

Venise est l’une des premières villes à bénéficier de l’exode lucquois. Dès 1347, le tissage du velours y est devenu assez important pour que les tisserands forment leur propre groupe au sein de la corporation de la soie, appelé l’Arte dei Velluderi.

Les Florentins tissent du velours au XIVe siècle et, au XVe siècle, leur activité gagne en qualité grâce aux règlements édictés par la corporation de la soie, l’Arte di Por’ Santa Maria, qui attire des artisans très spécialisés et crée une industrie de fils d’or. Au XVIe siècle, l’art de la soie à Florence, est florissant grâce au patronage de Côme de Médicis (1519-1574) et de sa femme Éléonore de Tolède (1522-1562). Si la production perd en richesse et en qualité, il existe toujours dans la cité, à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle, des artisans capables de tisser des velours.

Les Génois confectionnent des étoffes de soie depuis le XIe siècle dont le velours à partir du XIVe siècle. Le velours est le produit le plus célèbre de la ville. En 1555, on dénombre 145 métiers à velours à Gênes et les velours comptent alors pour la moitié des exportations génoises vers les foires européennes. Au cours du XVIe siècle, les tisserands génois émigrent ailleurs en Italie (Piémont, Emilie Romagne), en France (Tours et Lyon) et en Espagne (Barcelone, Séville, Tolède et Valence). Cet exil a des effets sur l’industrie génoise, mais n’empêche pas ses velours de conserver leur succès pendant des siècles.

En France, le tissage de la soie débute réellement lorsque Louis XI (1461-1483) encourage les tisserands italiens à s’installer à Tours (1466) et à Lyon (1470). Le tissage du velours s’établit à Lyon uniquement sous le règne de François Ier (1515-1547) qui souhaite stopper les importations de velours génois coûteuses. En 1536, le Roi interdit même l’entrée sur le territoire de soieries italiennes en particulier génoises. Malgré ces mesures, les Italiens continuent d’exporter en France via la ville impériale de Besançon et en Angleterre via Anvers.


 

VITRINE 1 : CHEFS-D’ŒUVRE

Le musée national de la Renaissance conserve des œuvres exceptionnelles, en particulier des broderies, des fragments de tapisserie et de nombreux velours. Cette vitrine permet d’en proposer une petite sélection en lien avec le thème général de la présentation. Sur le côté gauche, est exposé un corporalier couvert de velours coupé cramoisi (E.Cl. 9344). Le velours est très utilisé dans le domaine liturgique (voir également vitrine 4). Il reflète avantageusement la lumière et met en valeur les orfrois. La couleur rouge est chargée d’une signification symbolique forte dans la religion catholique et évoque la Passion du Christ.

Dans la partie droite, trois œuvres montrent l’emploi du velours dans le domaine profane. Le loup et le col proviennent des fouilles menées dans les Jardins du Carrousel du Louvre entre 1989 et 1990 qui ont permis d’exhumer 222 textiles. Le contexte archéologique permet de dater ces textiles de la seconde moitié du XVIe siècle et du début du XVIIe siècle. Dans cet ensemble, on compte vingt velours dont deux ici exposés. Ce masque (113-027-5A) et ce col de veste masculine (113-031-39) attestent d’une production de velours coupés unis beaucoup plus simple que celle des autres velours présentés dans cette salle et destinée à un usage courant.
 

 

Corporalier : la Crucifixion


France (?)
Corporalier : la Crucifixion

XVIe siècle
Velours de soie coupé simple corps ; broderie de fils de soie, de filés métalliques et de perles (application, passé empiétant, couchure simple et guipure)
Achat, 1875
Affectation au musée national de la Renaissance, 1986
E.Cl. 9344 a
05-510497

Un corporalier est une boîte ou un étui dans lequel est rangé le corporal, linge que le prêtre étend au milieu de l’autel au début de la messe pour y placer le calice et l’hostie. Ce corporalier est orné, sur la face du Christ en croix, entouré de la Vierge, à gauche, et de saint Jean, à droite. Entre eux sont brodées huit larmes qui évoquent le rapprochement établi par saint Thomas d’Aquin entre les dons du Saint-Esprit, les vertus théologales et cardinales et les huit béatitudes. Sur les côtés, on lit l’inscription latine : salve Crux preciosa que in sangvine Cxpi [pour Cristi] dedicata es que l’on peut traduire par : saluez la Croix précieuse qui dans le sang du Christ est consacrée. Ce texte reprend les paroles d’un motet de Cristobal Moralès (vers 1500-1553) composé en 1542 et inspiré de chants sacrés plus anciens. Il rappelle le sacrifice du Christ auquel fait écho la couleur « cramoisi » du velours. Le velours cramoisi est souvent employé pour les ornements liturgiques, car il évoque la Passion du Christ et son sang versé pour le salut de l’Humanité. Les broderies ont été rapprochées des œuvres des graveurs Wierix, Sadeler et Galle sans qu’il ne soit possible de préciser l’estampe qui a servi de modèle au brodeur.

 

Escarcelle


France
Escarcelle

Seconde moitié du XVIe siècle
Velours de soie coupé simple corps ; fer estampé et ciselé
Dépôt du musée du Louvre au musée de Cluny, 1936
Affectation au musée national de la Renaissance, 1986
E.Cl. 22166
12-572393

Le tissu n’est probablement pas d’origine mais correspond au type de velours coupé employé pour ces accessoires. Cette forme d’escarcelle, également appelé aumônière, est généralement portée en Europe attachée à la ceinture de la fin du Moyen Âge jusqu’au début du XVIIe siècle. Il est employé indistinctement par les hommes et par les femmes pour porter sur soi de la monnaie ou de menus objets. D’autres exemples de fermoirs métalliques d’escarcelles sont présentés au rez-de-chaussée du musée (aile ouest, salle des arts du métal).

 
 

Loup fragmentaire


France, Paris (?)
Loup fragmentaire

XVIIe siècle (?)
Velours de soie coupé simple corps ; taffetas (doublure)
Fouilles des jardins du Carrousel, 1989-1990
113 027 5A
18-511473

Les masques sont à la mode à partir du règne de François Ier jusqu’à la fin du siècle et connaissent un réel succès sous Henri III. Confectionnés par les tailleurs et les passementiers, ils sont portés par les hommes comme par les femmes dans de multiples occasions en particulier lors des divertissements. Le loup est un masque ne couvrant que le haut du visage, généralement de couleur noire, dont l’usage s’intensifie aux XVIIe et XVIIIe siècles surtout pour les bals. Seule une moitié de ce loup rapiécé est conservée, mais elle témoigne de la vie parisienne à l’époque moderne et de l’emploi du velours coupé pour les accessoires du costume.

 
 

Grand col

France, Lyon (?)
Grand col

XVIIe siècle (?)
Velours coupé simple corps à fond sergé
Fouilles des jardins du Carrousel, 1989-1990
113 031 39
18-511474

Caractéristique des larges cols débordants sur les vestes masculines, ce col montre des signes d’utilisation évidents : usure des poils du velours, traces et restes de coutures. De couleur beige, ce morceau comporte deux lisières qui donnent une laize de 53,3 cm. Cette mesure s’approche des 11/24e d’aune (54 cm), largeur habituellement tissée à Lyon. Un tel lieu de fabrication est plausible, car le velours y est à cette époque de qualité un peu inférieure aux autres velours européens.
 

VITRINE 2 : LES VELOURS OTTOMANS

Les liens commerciaux entre la Turquie ottomane et l’Italie sont très forts tout au long des XVe et XVIe siècles. Bursa, première capitale ottomane, est un centre vital pour l’exportation de la soie brute d’Iran vers l’Europe. Les Italiens vendent ou échangent les laines et les textiles européens en Turquie, obtenant en retour soies, matières tinctoriales, épices, tapis et articles en mohairs et en angora. À la fin du XVe siècle, la corporation des tisserands de velours (kadifecis) devient la principale corporation de travail de la soie à Bursa, tandis qu’à partir de 1545, on compte 18 tisserands de velours à Istanbul. Les Ottomans imitent d’abord le style des velours italiens, mais imposent rapidement un vocabulaire décoratif et un style propre, produisant des velours finement tissés avec de petits motifs et d’autres à l’échelle plus monumentale convenant mieux au décor comme celui ici exposé (E.Cl. 2256 a).
 

 

Laize de velours


Empire ottoman, Istanbul ou Bursa (?)
Laize de velours

XVIe ou XVIIe siècle (?)
Velours de soie coupé double corps, broché ; filés argent
Achat, 1853
Affectation au musée national de la Renaissance, 1987
E.Cl. 2252 a
18-511515

Déjà au Moyen Âge, l’Empire ottoman crée de somptueuses étoffes exportées vers l’Europe via les ports méditerranéens en particulier Venise. Le velours, appelé « Kadifê » en turc, est porté à un très haut niveau de perfection par les ateliers ottomans. Sur le territoire des sultans, ces velours servent surtout à orner les coussins des sofas palatiaux mais sont aussi employés pour les vêtements comme les caftans. En Europe, ils trouvent majoritairement leur usage dans l’habillement (manteaux et robes). Le répertoire décoratif très stylisé est composé de mandorles, de grenades, d’œillets et de tulipes. Ces motifs, communs à ceux de la céramique (voir la salle des Iznik, à l’étage en dessous), sont agencés de façon géométrique et souvent concentrique comme sur ce velours. Le fond or et argent fait scintiller la lumière. Les fils « argent » sont en réalité composés d’une âme de soie blanche entourée d’une lame d’argent très fine ; tandis que les fils « or » sont faits d’une âme de soie jaune entourée d’une lame argent vernie jaune donnant l’illusion de l’or. Si les velours ottomans peuvent paraître répétitifs, ils sont en réalité très différents dans le détail grâce à la diversité des bains de teintures employés. Sur cette laize, la différence des verts n’est pas aléatoire mais a pour but de représenter les effets de la lumière sur les végétaux dans la nature.

 

VITRINE 3 : LA GRENADE ET SES VARIATIONS

Bien avant que les Ottomans ne débutent leur propre production de velours, les tisserands italiens avaient absorbé les principes de dessins et le répertoire décoratif orientaux grâce aux soies et aux objets d’art importés de l’Empire Moghol et du Levant musulman aux XIIIe et XIVe siècles. Les dessins de grenades de la Renaissance évoluent à partir de ces contacts précoces. Les liens avec l’Empire ottoman aux XVe et XVIe siècles ne font que rafraîchir un vocabulaire ornemental préexistant. Le style ottoman n’est pas transmis en Italie uniquement par les soieries et les tapis mais aussi grâce aux reliures de livres, aux céramiques et aux objets métalliques. Les deux velours prêtés par le musée de Cluny attestent de ces velours « de ferronnerie » influencés par l’art du métal (Cl. 3092 et Cl. 21408). Les autres œuvres de cette vitrine montrent le traitement géométrique et stylisé de ce motif de la grenade (E.Cl. 11692 et E.Cl. 22556). Initialement cet ornement d’origine orientale symbolise la multiplicité des chrétiens au sein de l’Église ainsi que le sang du Christ. La grenade perd ensuite de sa signification religieuse.

Avec les fleurs et les bouquets, les branches ou tiges sinueuses forment un groupe conséquent. Les grenades ne sont plus isolées mais intégrées à tout un univers végétal (fragment de chasuble E.Cl. 21425). Alors qu’elles ne jouent qu’un rôle secondaire dans les textiles à grands motifs, les branches ou tiges sinueuses deviennent, à la fin du XVIe siècle, un motif à part entière qui envahit toute la surface du tissu.

 

 

Fragment de chasuble


Italie, Florence (?)
Fragment de chasuble

Troisième quart du XVe siècle
Velours de soie coupé un corps broché fond satin ; filés métalliques
Paris, musée de Cluny
Cl. 3092
12-552651

La découpe arrondie de ce morceau d’étoffe laisse deviner qu’il provient d’une chasuble, vêtement porté par les prêtres lorsqu’ils célèbrent la messe. Sur un fond cramoisi, le décor est formé de deux rangées décalées et imbriquées de feuilles à cinq lobes, le lobe central étant plus pointu dans la rangée inférieure. Chaque feuille contient une plante stylisée (chardon ou acanthe) brochée d’or. Des analyses ont permis d’identifier le colorant qui est la cochenille, tirée de l’insecte mexicain du même nom qui permet d’obtenir un rouge très sombre et dense. Ce velours se distingue de celui présenté à côté (Cl. 21408), car les plantes sont brochées d’or et occupent plus de place dans la feuille, signalant ainsi une production un peu plus tardive, mais aussi parce que la taille des feuilles y est réduite de moitié. Ainsi faut-il quatre feuilles pour former une laize de 58 cm de large. Cette norme plus proche de celle de Florence que des autres centres. Quant au tissage, il est beaucoup plus complexe à cause du broché de filé or. Par comparaison avec des représentations peintes (Benozzo Gozzoli) et d’autres velours, on pourrait donc attribuer ce velours à un atelier florentin.

 

Fragment d'étoffe

 

Italie, Florence ou Venise (?)
Fragment d’étoffe

Seconde moitié du XVe siècle
Velours de soie coupé un corps fond satin
Paris, musée de Cluny
Cl. 21408
13-588223

Le décor de ce morceau d’étoffe est composé de rangées alternées et décalées de feuilles à cinq lobes contenant chacune une plante stylisée : une fleur de chardon avec quatre feuilles d’acanthe et cinq rosettes rayonnant autour. Cette fleur est une variation autour du motif de la grenade issue du monde oriental. La couleur cramoisie est obtenue dans ce cas par la laque (garance ?), matière tinctoriale employée en Europe depuis plus longtemps que la cochenille. Les ornements sont obtenus lors du tissage, grâce à l’alternance des poils longs et des poils courts. Leur dessin linéaire rappelle ceux de la ferronnerie et a donné à ce type de velours le nom de « velours de ferronnerie ». Les ateliers de Florence et de Venise excellent dans leur création.

 
 

Fragment d'étoffe


Italie, Gênes
Fragment d’étoffe

2e moitié du XVIe siècle
Velours de soie ciselé simple corps fond satin de 4
Achat, 1888
Affectation au musée national de la Renaissance, 1986
E.Cl. 11692
18-511493

Le dessin à grand rapport de ce velours est caractéristique de l’évolution de la grenade en une pomme de pin fleurie. Ce motif est ici inscrit dans une mandorle terminée en pointe, soulignée par des rinceaux à écailles noués et reliés par des fleurs ouvertes. Grâce à la largeur du dessin cette étoffe peut servir à différents emplois, mais sa légèreté et sa finesse correspondent plus clairement à un usage dans l’habillement, comme en témoigne l’habit de Maurice de Saxe-Laudenbourg, conservé à la Niedersächs Landesgalerie de Hanovre et confectionné dans un velours au dessin analogue. En raison de sa grande faveur auprès des marchands et des clients, ce type de velours continue d’être produit pendant de nombreuses décennies sans doute encore durant la première moitié du XVIIe siècle. D’autres fragment du même tissus sont conservés au Museo del Bargello de Florence et au Musées Royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles.

 

Fragment de chasuble


Italie
Fragment de chasuble

1580-1620
Velours de soie ciselé simple corps fond satin de 5
Don du baron de Nesmes, 1930
Affectation au musée national de la Renaissance, 1986
E.Cl. 21425
18-511514

Comme pour le fragment présenté dans la même vitrine (Cl. 3092), la découpe de cette œuvre indique qu’elle provient d’une chasuble démontée à une date indéterminée. Sur fond crème, se détachent des branchages stylisés, des grenades et des fleurs peuplés d’oiseaux. Ces motifs ont conservé un peu du caractère oriental des velours du début du XVIe siècle et montrent la permanence de l’influence ottomane dans l’art du textile. Ils sont caractéristiques de l’évolution du réseau végétal de plus en plus couvrant dès le milieu du XVIe siècle qui fait la part belle aux tiges sinueuses et aux branches ondoyantes au détriment des grenades.

 
 

Dalmatique


Italie (tissu) et Flandre (orfrois)
Dalmatique

XVIe siècle
Velours de soie coupé simple corps ; broderie au passé empiétant (fils de baudruche, filés métalliques) et d’application de toile d’or
Fonds ancien
Affectation au musée national de la Renaissance, 1989
E.Cl. 22556
04-505799

Les vases d’où sortent des branches et des feuillages sont récurrents dans l’art textile italien de la Renaissance. Le velours de cette dalmatique – vêtement du diacre dans la liturgie catholique – est parcouru d’un réseau de feuilles d’acanthe sortant d’un vase pansu au col cannelé d’où jaillissent également une grenade et deux pommes de pins stylisées. Les orfrois cousus dessus représentent différents saints devant un rideau brodé en couchure. Ce type de représentation est commune dans la broderie flamande de la première moitié du XVIe siècle. Ces silhouettes de saints très répétitives sont reproduites de façon presque systématique par les ateliers de brodeurs d’un ensemble liturgique à l’autre et ne permettent pas toujours de les identifier. Ici on distingue (de haut en bas puis de gauche à droite) : un saint non identifiable, sainte Catherine d’Alexandrie, un saint évêque probablement saint Augustin, puis un saint barbu, sainte Madeleine et saint Laurent.


 

Laize de velours


Italie (?) Espagne (?)
Laize de velours

XVIIe siècle (?)
Velours de soie ciselé simple corps, fond lamé
Don de madame Marquet de Vasselot, 1930
Affectation au musée national de la Renaissance, 1986
E.Cl. 21391
18-511511

Cette laize de velours entière dans sa largeur a conservé ses deux lisières ce qui est relativement rare. L’échelle du dessin particulièrement large et déployé invite une datation au XVIIe siècle. Ces grands ornements sont caractéristiques du développement ultime de la grenade qui ici domine la composition faite de tiges entrelacées et chargées de grosses fleurs ; ces dernières enserrent une plante éclose sortant d’un bouquet de feuilles. L’association des coloris jaune et rouge demeure très appréciée au XVIIe siècle comme au XVIe siècle. Techniquement, l’effet de décor est obtenu par le fond du tissage (soie jaune) tandis que les techniques du velours coupé et du velours bouclé (soie rouge) dessinent le fond de la composition. Le décor végétal jaune est enrichi de lames de métal argenté faisant scintiller la composition mais qui aujourd’hui sont imperceptibles à l’œil nu.
 

VITRINE 4 : LES VELOURS LITURGIQUES

Produit de luxe, le velours est très utilisé pour les vêtements cérémoniels du clergé catholique, tels que les chapes (E.Cl. 1216), dalmatiques et chasubles ainsi que pour le décor des autels, les bannières, les trônes et les baldaquins.

 
 

Chape


France
Chape

Première moitié du XVIe siècle
Velours de soie coupé simple corps ; broderie à l’aiguille, broderie en guipure
Fonds Du Sommerard
Affectation au musée national de la Renaissance, 1986
E.Cl. 1216
04-505780

La chape est un grand manteau de cérémonie porté par l’ensemble des membres du clergé catholique. Elle est généralement ornée d’une bande d’orfrois qui en souligne l’ouverture et d’un chaperon au niveau des omoplates. Celle-ci est confectionnée dans un velours bleu sombre couvert de grenades brodées or. Le velours bleu du fond (qui n’est pas une couleur liturgique officielle) est composé de plusieurs morceaux et est sans doute postérieur aux broderies, alors que la bande d’orfrois bordée d’un galon de velours vert semble rapportée. Néanmoins l’association du bleu et de la grenade est fréquente dans les représentations de la Vierge. Pourtant l’iconographie du chaperon n’a pas de lien direct avec la couleur liturgique ou la symbolique des grenades : on reconnaît saint Martin donnant son manteau à un pauvre. Sur la bande d’orfroi, sous des arcatures, on identifie : sainte Agnès, saint Jean, un saint tenant une lance (Longin ou Thomas), la Vierge à l’Enfant, un saint Évêque bénissant et saint Jacques-le-Majeur.
 

VITRINE 5 : LES PETITS MOTIFS

Dans la seconde moitié du XVIe siècle, les motifs de petites tailles remportent de plus en plus de succès auprès de la clientèle. Progressivement les dessins se géométrisent et présentent presque des formes abstraites. Il existe une grande variété de ces petits motifs couvrant obtenus grâce à l’alternance des boucles et des poils des velours ciselés dans des teintes monochromes, bicolores et plus rarement à trois couleurs différentes. Cette vitrine montre la diversité de ces tissus caractéristiques du dernier tiers du XVIe siècle et du début du XVIIe siècle : branches fleuries, fleurettes, feuillages, rinceaux, flammèches et motifs purement géométriques (losanges, hexagones, zig-zag, etc.)

 
 

Fragment d'étoffe


Italie
Fragment d’étoffe

1420-1430
Velours coupé trois corps fond satin de 5
Paris, musée de Cluny
Cl. 22539
10-527974

Ce fragment de velours polychrome à grandes feuilles ondulantes montre l’introduction de motifs de taille plus réduite dès le XVe siècle. D’autres morceaux du même tissu sont conservés au musée des Tissus de Lyon et aux Musées Royaux d’Art et d’hsitoire de Bruxelles. Ce type de dessin est plutôt connu par des velours monochromes ou par des pièces de lampas.

La même harmonie des couleurs se retrouve sur d’autres velours réalisés à Venise durant la première moitié du XVe siècle. La qualité et l’équilibre du dessin tout comme perfection technique du tissage font en effet penser à un centre de premier plan et très sensible aux influences orientales comme l’est Venise à cette époque.

 

Motif des branches fleuries


 

Fragment d'étoffe


Italie (?)
Fragment d’étoffe

1580-1620
Velours de soie ciselé simple corps fond lamé
Achat 1933
Affectation au musée national de la Renaissance, 1986
E.Cl. 21719

10-518899


 

Fragment d'étoffe


Italie (?)
Fragment d’étoffe

XVIIe siècle
Velours de soie ciselé simple corps fond taffetas
Achat 1888
Affectation au musée national de la Renaissance, 1986
E.Cl. 11713
10-513874

 

 

Fragment d'étoffe

Italie (?)
Fragment d’étoffe

XVIIe siècle
Velours de soie ciselé simple corps fond taffetas
Achat 1888
Affectation au musée national de la Renaissance, 1986
E.Cl. 11698
10-536430

 

 

Fragment d'étoffe

Italie (?)
Fragment d’étoffe

XVIIe siècle
Velours de soie ciselé simple corps fond taffetas
Achat 1888
Affectation au musée national de la Renaissance, 1986
E.Cl. 11707
10-513871

 

 

Fragment d'étoffe

Italie (?)
Fragment d’étoffe

1580-1620
Velours de soie ciselé simple corps fond taffetas
Achat 1888
Affectation au musée national de la Renaissance, 1986
E.Cl. 12157
10-513914

 

 

Fragment d'étoffe

Italie, Florence
Fragment d’étoffe

Dernier quart du XVIe siècle
Velours de soie ciselé simple corps alluciolato fond taffetas lamé
Achat 1888
Affectation au musée national de la Renaissance, 1986
E.Cl. 11687
18-511491


 

Motifs de fleurettes

 

Fragment d'étoffe

Italie (?)
Fragment d’étoffe

Premier quart du XVIIe siècle
Velours de soie ciselé simple corps fond lamé
Achat 1888
Affectation au musée national de la Renaissance, 1986
E.Cl. 12137
10-518793

 
 

Fragment d'étoffe

Italie
Fragment d’étoffe

1580-1620
Velours de soie ciselé simple corps fond taffetas
Achat 1888
Affectation au musée national de la Renaissance, 1986
E.Cl. 11697
10-518771


 

Fragment d'étoffe

Italie
Fragment d’étoffe

XVIIe siècle
Velours de soie ciselé simple corps fond taffetas
Achat 1888
Affectation au musée national de la Renaissance, 1986
E.Cl. 11683
10-513856

 

Fragment d'étoffe

Italie
Fragment d’étoffe

1580-1620
Velours de soie ciselé simple corps fond taffetas
Achat 1888
Affectation au musée national de la Renaissance, 1986
E.Cl. 11681
10-518766


 

Fragment d'étoffe

Italie
Fragment d’étoffe

XVIIe siècle
Velours de soie ciselé simple corps jaspé fond satin
Achat 1888
Affectation au musée national de la Renaissance, 1986
E.Cl. 11738
10-525704

 

Fragment d'étoffe

Italie
Fragment d’étoffe

Premier quart du XVIIe siècle
Velours de soie ciselé à deux corps fond satin
Achat 1888
Affectation au musée national de la Renaissance, 1986
E.Cl. 12148
10-513913

 

Motifs de feuillages, rinceaux et flammèches


 

Fragment de chasuble


Italie (?)
Fragment de chasuble

Dernier quart du XVIe siècle
Velours de soie ciselé simple corps fond taffetas
Don du baron de Nesmes, 1930
Affectation au musée national de la Renaissance, 1986
E.Cl. 21420
18-511512

 

 

Fragment d'étoffe


Italie, Gênes
Fragment d’étoffe

XVIIe siècle
Velours de soie coupé simple corps fond satin lamé
Don du baron de Nesmes, 1930
Affectation au musée national de la Renaissance, 1986
E.Cl. 21399
10-518856

 

Fragment d'étoffe

Italie (?)
Fragment d’étoffe

XVIIe siècle
Velours de soie coupé simple corps fond taffetas
Achat 1888
Affectation au musée national de la Renaissance, 1986
E.Cl. 11696 a
10-518770



 

Fragment d'étoffe

Italie
Fragment d’étoffe

Premier quart du XVIIe siècle
Velours de soie ciselé simple corps fond lamé
Achat 1933
Affectation au musée national de la Renaissance, 1986
E.Cl. 21755
19-507591



 

Fragment d'étoffe


Italie
Fragment d’étoffe
Premier quart du XVIIe siècle
Velours de soie ciselé simple corps fond lamé
Achat 1888
Affectation au musée national de la Renaissance, 1986
E.Cl. 11686
10-513859

 

Motifs géométriques


 

Fragment d'étoffe

Italie
Fragment d’étoffe

Premier quart du XVIIe siècle
Velours de soie ciselé simple corps fond taffetas
Achat 1888
Affectation au musée national de la Renaissance, 1986
E.Cl. 11710
10-518773

 

 

Fragment d'étoffe

Italie
Fragment d’étoffe

Premier quart du XVIIe siècle
Velours de soie ciselé simple corps fond taffetas
Achat 1933
Affectation au musée national de la Renaissance, 1986
E.Cl. 21756
10-514018

 

 

Fragment d'étoffe

 Italie
Fragment d’étoffe

1580-1620
Velours de soie ciselé simple corps fond taffetas
Achat 1933
Affectation au musée national de la Renaissance, 1986
E.Cl. 11693
10-518768




 

Fragment d'étoffe


Italie
Fragment d’étoffe

Premier quart du XVIIe siècle
Velours de soie ciselé simple corps fond taffetas

Achat 1888
Affectation au musée national de la Renaissance, 1986
E.Cl. 11694
10-513863

 

 

Fragment d'étoffe

Italie, Gênes (?)
Fragment d’étoffe

Premier quart du XVIIe siècle
Velours ciselé simple corps à poils traînant fond taffetas

Achat 1933
Affectation au musée national de la Renaissance, 1986
E.Cl. 21700
10-513984



 

Fragment d'étoffe

 
Italie, Gênes (?)
Fragment d’étoffe

Premier quart du XVIIe siècle
Velours ciselé simple corps à poils traînant fond taffetas
Achat 1933
Affectation au musée national de la Renaissance, 1986
E.Cl. 21735
10-514006

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