La tribune en bois

La tribune est la partie de la chapelle qui témoigne le mieux de l’intervention de plusieurs artistes à Écouen, avec pour la partie en pierre, un architecte raffiné proche d’un art développé dans le Val-de-Loire durant la première Renaissance et, pour la partie en bois, un second artiste plus moderne, connaisseur de l’antique et des innovations de l’école de Fontainebleau.

La tribune supporte un orgue du XIXe siècle : cette disposition aujourd’hui habituelle n’est pas inconnue à la Renaissance, mais reste très rare. Située très en hauteur, la tribune ne sert probablement pas au Connétable ou aux grands personnages qu’il reçoit à Écouen : ils disposent de l’oratoire, directement lié à l’appartement du maître. Par ailleurs, elle est directement accessible par l’escalier en vis, passage commode pour le service. Elle est donc, selon l’hypothèse la plus probable, liée à un usage liturgique, peut-être à la présence d’un chœur, situé sous la voûte et donc à un endroit stratégique du point de vue acoustique. Quelques années après l’achèvement de la tribune d’Écouen, Henri II fait équiper plusieurs de ses chapelles, à Vincennes, à Saint-Germain-en-Laye ou à Fontainebleau, de tribunes analogues désignées parfois sous le nom de « pupitres » par les documents.

La tribune est défendue par un important garde-corps en bois, dissimulant une partie en porte-à-faux qui en augmente la profondeur. Celui-ci est rythmé par sept niches qui abritaient les sculptures de sept vertus (dont les noms sont conservés sur les cartouches). Ce rythme, malgré sa cohérence iconographique, ne correspond pas à celui de l’encorbellement en pierre, qui comprend seulement cinq nervures. On peut penser que la partie en bois témoigne d’une seconde vision de la tribune, sans doute influencée par Jean Goujon.

Le garde-corps comprend un entablement dorique, surmonté d’un ordre ionique, témoignant d’une bonne connaissance des formes antiques et de la théorie de la superposition des ordres (du plus simple au plus complexe). Entre les niches, il comprend deux registres : un claustra fait d’un second ordre ionique miniature (comme dans la claire-voie de l’oratoire) et une table pleine occupée par une tête placée sur un cuir. Ce motif est caractéristique des inventions de l’École de Fontainebleau et est à la dernière mode en 1545, date de l’édification de la tribune selon l’inscription au revers du cartouche de la Charité.

gFl - GdR

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