La tribune en pierre

La tribune est la partie de la chapelle qui témoigne le mieux de l’intervention de plusieurs artistes à Écouen, avec pour la partie en pierre, un architecte raffiné proche d’un art développé dans le Val-de-Loire durant la première Renaissance et, pour la partie en bois, un second artiste plus moderne, connaisseur de l’antique et des innovations de l’école de Fontainebleau.

La tribune supporte un orgue du XIXe siècle : cette disposition aujourd’hui habituelle n’est pas inconnue à la Renaissance, mais reste très rare. Située très en hauteur, la tribune ne sert probablement pas au Connétable ou aux grands personnages qu’il reçoit à Écouen : ils disposent de l’oratoire, directement lié à l’appartement du maître. Par ailleurs, elle est directement accessible par l’escalier en vis, passage commode pour le service. Elle est donc, selon l’hypothèse la plus probable, liée à un usage liturgique, peut-être à la présence d’un chœur, situé sous la voûte et donc à un endroit stratégique du point de vue acoustique. Quelques années après l’achèvement de la tribune d’Écouen, Henri II fait équiper plusieurs de ses chapelles, à Vincennes, à Saint-Germain-en-Laye ou à Fontainebleau, de tribunes analogues désignées parfois sous le nom de « pupitres » par les documents.

La partie en pierre est une structure en encorbellement ornée de cinq nervures sans rôle structurel. Ses deux extrémités sont supportées par des pans coupés terminés par des trompes ornées de caissons. Le décor est caractéristique des formes développées au début du XVIe siècle dans le Val-de-Loire et diffusé en Île-de-France à partir des années 1520 (cartouche en chute suspendu à une tête de chérubin, médaillons ornés de têtes de chérubins, coquilles placées dans les trompes). Le culot de la quatrième nervure est orné de deux oiseaux affrontés picorant dans un vase, et le cinquième d’une grylle. Il ne faut pas y voir de symbolisme religieux, mais bien un plaisir du décor et de l’inventivité. Ces ornements sont l’œuvre d’un sculpteur ou d’un atelier particulièrement virtuose, dont on retrouve des traces ailleurs dans le château (dans l’appartement des bains en particulier). Sans être démodés à la fin des années 1530, ils sont en passe d’être dépassés par un art plus désireux de copier fidèlement l’antique.

gFl – GdR

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