Anne de Montmorency est une figure de la Renaissance française parmi les plus importantes du Royaume. C’est le connétable, ou général en chef des armées et l’un des principaux ministres des rois François 1er et Henri II.
Son vaste domaine va de Chantilly à Écouen, château qui devient sa résidence principale.
Il commande pour la chapelle palatiale, un décor particulièrement original pour le XVIe siècle, relevé dans un album de dessins par l’architecte Charles Percier, juste avant son démantèlement à la Révolution.
La chapelle perd alors son unité. Les œuvres, propriété des Condé depuis le XVIIe siècle, sont dispersées à l’occasion des saisies révolutionnaires.
Fils du roi Louis-Philippe, le duc d’Aumale, héritier de Chantilly, décide d’y construire, à partir de 1876, une nouvelle chapelle pour y reconstituer le décor d’Écouen.

Écouen – Chantilly, deux châteaux pour une seule chapelle ?
Difficile aujourd’hui d’imaginer l’éclat de ce décor Renaissance. Il nous faut superposer les images, émettre des hypothèses, à partir d’un agencement déjà réinterprété par le duc d’Aumale.
Grâce à l’outil numérique, la structure architecturale redessinée peut recevoir les œuvres numérisées en 3D, dont les originaux sont conservés à Écouen, Chantilly, le Louvre ou dans des églises parisiennes.
Des archives du XVIe aux relevés de Percier, les recherches ont permis une interprétation hypothétique, mais au plus juste de la connaissance actuelle.
La simulation numérique nous offre cette expérience.

Le décor de cette chapelle palatiale s’inscrit pleinement dans l’esprit de la Renaissance française, alliant tradition gothique et retour à l’antique.
C’est un volume rectangulaire de plus de 13m de hauteur éclairé par des vitraux et couvert par des voûtes d’ogives. Comme il est d’usage, l’omniprésence de l’héraldique en particulier sur la voûte peinte célèbre le propriétaire du château.
La voûte est portée par les quatre sculptures en pierre polychrome des pères de l’Église, représentés assis, avec leurs attributs, dont saint Ambroise et saint Grégoire.
Chapelle princière, elle dispose d’une sacristie au rez-de-chaussée, et d’un oratoire à l’étage d’où le connétable pouvait entendre la messe. Tous deux sont fermés par des boiseries richement sculptées.
Sur le mur du fond, la tribune en bois, portée par des consoles en pierre, est sans doute destinée aux chantres et musiciens.
De l’entourage de Jean Goujon, l’autel en marbre en deux parties est orné au niveau inférieur des représentations des quatre évangélistes, surmontés par un retable où figure le sacrifice d’Abraham. Il montre le goût du retour à l’antique dans le décor de la chapelle avec les ordres d’architecture et le bas-relief à l’antique.
De part et d’autre de l’autel, deux colonnes doriques, surmontées de dais, accueillent deux statues en marbre représentant d’un côté l’Éducation de la Vierge, conservée dans l’église Saint-Leu-Saint-Gilles et de l’autre la Vierge à l’Enfant, aujourd’hui au Louvre.
Grande originalité de la chapelle, les lambris marquetés représentent les douze apôtres dans des encadrements d’architecture en trompe-l’œil.
La question des vitraux est complexe, et leur destruction quasi totale à la révolution a rendu la restitution impossible : le programme iconographique a ainsi presque intégralement disparu. Les sources indiquent que la baie d’axe racontait la Passion du Christ.
Surmontées de scènes religieuses, les baies latérales accueillaient dans les parties basses, d’une part le connétable suivi de ses fils, et d’autre part Madeleine de Savoie sa femme, et leurs filles, en prière tournés vers l’autel. Seuls les vitraux des enfants ont été conservés.
De très nombreux tableaux couvraient les murs de la chapelle, produisant un effet d’accumulation courant à l’époque. Trois seulement sont avérés : la Piéta du Rosso conservée au Louvre, une Nativité, aussi au Louvre, et La copie de la Cène de Léonard de Vinci, par Marco d’Oggiono, datée de 1506. Seul l’emplacement de la Cène est certifié.

Dans cette restitution où chaque objet trouve sa place, mille choses restent encore à découvrir et chaque œuvre a son histoire. À vous d’y entrer ! Belle découverte !

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