La Piéta

Giovanni Battista di Jacopo, dit Rosso Fiorentino (1494-1540)

1530-1540 ; huile sur bois transposée sur toile en 1802 ; L. : 163 cm, l. : 127 cm
Paris, musée du Louvre, INV594

Originaire de Florence, présent à Fontainebleau de 1530 à 1540, Rosso Fiorentino a peint pendant son séjour en France cette Piéta conservée jusqu’à la Révolution dans la chapelle.

Si la date de la commande est inconnue, le commanditaire est identifié par le coussin sur lequel repose le Christ, portant les alérions des Montmorency. C’est le peintre Vasari qui, le premier, dans ses écrits, situe cette œuvre à Écouen.

Le tableau, au cadrage très resserré accentuant la monumentalité de la scène, représente la Vierge assise, soutenue par une sainte femme et les bras en croix. Sur ses genoux, est étendu le corps du Christ mort, entouré par saint Jean et sainte Marie-Madeleine qui s’apprêtent à le déposer. Le geste de la Vierge et la nudité du Christ renouvellent le message théologique lié à l’iconographie de la Piéta, en exaltant la divinité et l’humanité du Christ. Sur un fond rocheux, sans repère topographique, la scène condense les trois étapes de la descente de croix, de la déploration du Christ mort et de la mise au tombeau. La Vierge n’est pas évanouie et représente la solidité de la foi. Son geste traduit l’idée de la croix vivante et de la participation de la mère à la rédemption réalisée par le Fils.

Une restauration de 1997 a révélé l’existence d’une première composition, qui ne comprenait que quatre personnes, le Christ orienté dans le sens inverse, couvert d’un perizonium. Elle prouve la maturation du travail de Rosso, qui s’est penché à plusieurs reprises sur le thème du Christ mort.

La conception du Christ nu et roux, typique de Rosso, est sculpturale. La peinture est abrupte, procédant par facettes et aplats, avec de petites hachures très serrées rappelant la manière de peindre à fresques de Michel-Ange. La rudesse des drapés, la palette froide et sourde s’allient pour donner une tristesse intense à ce tableau religieux, le seul connu de la période française de Rosso.

Une hypothèse a placé le tableau de Rosso à la place du bas-relief du sacrifice d’Abraham sur l’autel d’Écouen. Cette idée est aujourd’hui remise en question par l’étude de l’autel. S’il a figuré au-dessus de l’autel, c’est uniquement quand n’existait que la première partie de la table. Autre hypothèse : le bas-relief aurait été commandé pour la chapelle de Chantilly et serait arrivé ensuite à Écouen.

GdR

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