La Cène

Marco d’Oggiono (v. 1470-v. 1549), d’après Léonard de Vinci
1506-1509 ; huile sur toile ; L. : 574,9 cm, l. : 206 cm
Écouen, musée de la Renaissance, dépôt du musée du Louvre, INV781

Commandée en 1506 à Milan à Marco d’Oggiono, disciple de Léonard de Vinci, par Gabriel Gouffier, doyen de la cathédrale de Sens, cette copie de grand format (sans doute un des tout premiers grands formats de la Renaissance) est une reprise directe de l’original de plus grandes dimensions peint sur le mur du réfectoire de Sainte-Marie-des-Grâces, terminé en 1498. Elle en simplifie la perspective architecturale savamment calculée et la mise en lumière subtilement distribuée, mais on y retrouve l’extraordinaire construction du premier plan et la répartition des apôtres en quatre groupes, autour du Christ. Celui-ci, les bras écartés, la main droite ouverte au-dessus de la table selon le geste de la Vierge aux rochers, la main gauche paume retournée, incarne la structure pyramidale caractéristique des œuvres de Léonard. Chaque groupe d’apôtres propose une déclinaison de gestes, d’attitudes, d’émotions et de couleurs après l’annonce par Jésus de la trahison de l’un d’entre eux ; Judas, le poing crispé sur la bourse reçue pour prix de son crime, a renversé la salière.

Exécutée sur toile, la copie est clairement destinée à être envoyée en France et témoigne de l’engouement français pour les œuvres de Léonard ; par la précision des détails, elle est aussi une des copies les plus précoces et les mieux renseignées pour la connaissance de son modèle.

Parvenue en France, elle semble être l’exemplaire sur toile cité dans l’inventaire du château des archevêques de Rouen à Gaillon en 1540 et pourrait être entrée dans les collections du connétable de Montmorency avec l’achat du château de Vigny en 1555. Signalée de manière certaine dans la chapelle d’Écouen au début du XVIIe siècle, elle conserve incontestablement le même emplacement jusqu’à la Révolution, où elle apparaît sur l’un des dessins de l’architecte Percier. Saisie comme bien d’émigré avec les autres œuvres d’art de la chapelle, elle est envoyée au Louvre ; entreposée ensuite dans les réserves, elle fait l’objet d’un arrêté de dépôt au musée national de la Renaissance qui lui permet de retrouver en 1980 son emplacement d’origine.

TCL

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