Les sculptures de l’autel

L’autel et son retable sont aujourd’hui entièrement en pierre et toute la décoration figurée repose sur l’emploi de la sculpture en bas-relief, dont les auteurs n’ont pas tous été identifiés.

Le devant et les côtés de l’autel sont ornés par les quatre évangélistes placés dans un ordre inhabituel : saint Jean et saint Luc sur le devant, saint Matthieu et saint Marc sur les côtés. Figures posées sur des nuages, lisant ou écrivant, elles sont inspirées de modèles conçus par Giulio Romano, largement diffusés par la gravure. Les niches entre les évangélistes sont occupées par les trois vertus théologales : la Foi, la Charité et l’Espérance.

Les évangélistes rappellent ceux du jubé de Saint-Germain-l’Auxerrois, contemporain d’Écouen et exécuté par Pierre Lescot et Jean Goujon.Les vertus ont des affinités avec les allégories des façades du Louvre, autre œuvre de Goujon et Lescot. Mais dans le traitement des drapés et des chevelures, l’ œuvre d’Écouen se distingue de celles de Paris. Elle témoigne donc plutôt de l’influence de Goujon comme donneur de dessins dont l’exécution serait confiée à d’autres sculpteurs.

Le panneau en marbre de la contre-table est consacré au sacrifice d’Isaac : son père Abraham doit l’offrir à la demande de Dieu, désireux de mettre à l’épreuve son obéissance. Un ange l’arrête au moment où il s’apprête à tuer Isaac, remplacé par un agneau dissimulé dans un buisson en bas à gauche de la composition. L’auteur du dessin très caractéristique (indifférence à la profondeur, éléments de paysages non reliés, contradictions importantes dans la figure principale) est encore à identifier. Ce sujet, tiré de l’Ancien Testament, est rare sur un retable, qui évoque généralement la Rédemption ou le saint à qui l’autel est dédié. Il est expliqué par la citation tronquée de la Lettre aux Hébreux (11.17) attribuée à l’apôtre Paul, placée dans le cartouche inférieur. Elle souligne à la fois la croyance en la résurrection et l’impératif de la foi absolue en Dieu.

La figure du Christ est donc bien présente en creux au centre du retable, couronné, dans l’entablement, par Dieu le Père, la main reposant sur un globe. Cette figure copie une estampe bellifontaine parfois attribuée à Rosso : on ne retrouve pas le style du maître sur l’autel, mais on y lit la diffusion de certains de ses motifs, isolés ou adoucis. Lorenzo Naldini et Simon Le Roy, artistes du foyer bellifontain, pourraient ici en être les vecteurs.

Sur le registre inférieur, de part et d’autre de l’autel, deux sculptures en bas-relief encadrant une table en marbre de couleur rappellent l’identité du propriétaire : ces figures féminines ailées tiennent dans leur main l’épée de connétable et le bâton de grand-maître. Elles sont engainées dans leur partie inférieure et évoquent les ornements de la galerie François Ier de Fontainebleau, œuvre de Rosso.

gFl – GdR

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