Les douze apôtres

Région parisienne, 1548 ; bois marqueté ; un panneau : L. : 45 cm, l. : 22 cm
Chantilly, musée Condé

Au sein du lambris de hauteur, douze panneaux représentent les onze apôtres du Christ, auxquels est joint saint Paul, à la place de Judas. La présence du collège apostolique s’inscrit dans la longue tradition des chapelles royales et princières depuis la Sainte-Chapelle de Paris. Avec lui, la chapelle d’Écouen se place dans la lignée et au même niveau que celle de Gaillon ou d’Anet.

Les panneaux comportent des largeurs différentes pour s’adapter aux trumeaux et renfoncements de la chapelle. Des chutes purement ornementales, composées de branchages entrelacés, permettent d’orner les espaces plus étroits. Chacune des figures se détache dans un champ rectangulaire, dans une facture très graphique où une ligne de contour cerne les volumes. Les encadrements géométriques, la mise en valeur des nodosités du bois, le traitement des architectures sont le signe d’une marqueterie typiquement française et remettent en cause la tradition historiographique de l’exclusivité de la marqueterie italienne. On ignore cependant quels dessins ont pu l’inspirer : l’attribution à Rosso est aujourd’hui écartée ; le nom de Geoffroy Dumoustier pourrait être avancé.

En l’absence de tout relevé précis avant démontage, on ignore dans quel ordre les apôtres étaient disposés : l’hypothèse présentée ici en est une parmi d’autres. La moitié des panneaux a dû être refaite à neuf ou en grande partie au moment du remontage à Chantilly par Drouard. On constate une esthétique différente dans les panneaux neufs, qu’on peut comparer à ceux relevés par Percier : les apôtres y sont représentés à une échelle un peu inférieure et sont généralement centrés. Ils s’inscrivent dans un espace défini par une perspective sans faute, et le décor architectural à antique, qui emprunte quelques motifs à Serlio, est représenté avec soin et en entier. Au contraire, dans les panneaux anciens, les apôtres, souvent décentrés, évoluent dans une perspective partielle et au milieu d’architectures tronquées, où reviennent des motifs récurrents (comme la niche très étirée en hauteur et surmontée d’une table). Quelques ornements, comme les coquilles dans les culs de four, paraissent archaïsants.

gFl - GdR - TCL

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