Jacob gardant les troupeaux de Laban,cheminée peinte, au 1er étage de l'aile sud,ancienne antichambre du Connétable.
Jacob gardant les troupeaux de LabanPeinture Écouen, 1er étage de l'aile sud, ancienne antichambre du Connétable circa 1550
La façon dont l'artiste a ici choisi de traiter le thème imposé -Jacob gardant les troupeaux de Laban, Genèse 30- illustre merveilleusement l'apothéose du paysage maniériste, digne héritier de la tradition flamande. On sent bien que dans cette scène bucolique que n'aurait pas renié Virgile, le berger Jacob, minuscule tache rouge rassemblant quelques rares brebis, n'est que le prétexte à la composition d'un paysage onirique : mystérieuses chaumières disséminées au milieu des lacs et des collines tandis que sur le lointain se profilent des montagnes bleutées qu'on pourrait croire surgies d'une toile de Léonard de Vinci et qui offrent au regard tous les espoirs des espaces inconnus. Le ciel, tourmenté, crépusculaire, ses sombres nuées percées d'une lumière diffuse qui semble venir de l'est, occupe une place énorme -un tiers du tableau. Sa présence et la sobre rigidité du cadre rectangulaire qui limite la scène donnent au tout l'apparence d'une fenêtre ouverte. D'autant que la richesse ornementale de l'encadrement offre un contraste saisissant avec la sérénité du paysage : animaux fantastiques, faunes, putti, guirlandes de fleurs et cornes d'abondance (symboles de la future prospérité de Jacob) rivalisent de grâce dans un joyeux mais savant enchevêtrement.
