Jean Bullant
Restait l'aile sud qui sera le morceau de bravoure de Jean Bullant à Ecouen et verra l'aboutissement de l'étonnante péripétie d'une grandiose œuvre d'art . En 1506 le pape Jules II commande son tombeau à Michel-Ange. L'artiste propose plusieurs versions pour ce mausolée et quelques statues allégoriques sont réalisées dont deux esclaves, qui s'inspirent de la statue du Laocoon (IIe siècle avant J.C.). Le tombeau ne sera jamais achevé et Robert Strozzi offre en 1546 ces deux esclaves à François 1er. Les statues arriveront à Paris sous le règne d'Henri II qui les offre à Anne de Montmorency. On peut légitimement penser que le portique a été entièrement conçu en rapport avec une telle œuvre. Quoi qu'il en soit Bullant innove ici avec l'art colossal, s'inspirant des colonnes corinthiennes cannelées du Panthéon, à Rome, et flanquant un véritable portique de temple sur la vieille façade. Les niches basses abriteront les Esclaves (aujourd'hui au Louvre), surmontés des armoiries du Connétable et de sa femme, et Bullant signe ici le manifeste de la nouvelle Renaissance. Décidément voué aux avants-corps, il en plaquera un dernier sur l'aile nord, du côté terrasse, sorte de grande loggia ouverte à l'air libre. Enfin, il faut ajouter un mot à propos de la malheureuse aile d'entrée qui comprenait un portail monumental à trois niveaux, et dont on ne peut dire si elle est un projet de Goujon ou de Bullant. Elle rivalisait d'élégance avec le portail d'Anet, dû à Philibert Delorme et abritait en son centre une statue équestre du Connétable. On en conserve le souvenir par une gravure d'Androuet du Cerceau car elle a été entièrement détruite en 1787 par la famille de Condé, qui était désireuse d'avoir une vue plus dégagée sur la plaine de France ! L'entrée actuelle est une construction de l'architecte Peyre, en 1807.