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Sculpture

Génie funéraire, statuette en marbre de Germain Pilon.

Génie funéraireGermain PilonStatuette en marbre Paris, 1558 H. 0,85m ECL 19259

Henri II chargea en 1558 Philibert Delorme de concevoir le tombeau de François 1er pour l'abbaye de Saint-Denis. L'architecte passa commande à deux jeunes sculpteurs, Germain Pilon et Ponce Jacquiot pour 16 figures de génies funéraires. Ces "figures de fortune en bosse ronde sur marbre blanc pour appliquer à la sépulture du feu roi" ne furent finalement pas utilisées par Primatice qui avait succédé sur le chantier à Philibert Delorme en 1559. Cette statuette-ci resta à l'abbaye de Saint-Denis jusqu'à la Révol ution. C'est un petit génie de grandeur naturelle, tenant un flambeaurenversé sans flamme, nu sauf pour un drapé sur la moitié gauche de son corps potelé, et visiblement destiné à être adossé à une paroi. Il faut noter le très joli mouvement tournant de l'épaule droite qui permet à la main de reposer sur le flambeau situé à gauche, mouvement inverse de celui du bassin et encore accentué par le drapé enroulé de l'étoffe. Cette double spirale du corps rappelle irrésistiblement l'enfant que sculpta Michel-Ange pour la statue de la Madone de Bruges. Si l'appartenance au monde maniériste est alors flagrante, le tendre modelé du front haut et bombé, le nez retroussé, le menton à fossette, la bouche et les joues qui portent encore l'imprécision de l'enfance révèlent un sens de l'observation et une sensibilité qui n'appartiennent qu'à Germain Pilon.

Germain Pilon est, avec Jean Goujon, l'un des plus grands sculpteurs de la Renaissance française . Né vers 1528, fils d'un tailleur de pierre parisien, son premier ouvrage connu est ce génie funéraire. Il sera dès lors occupé à toutes les grandes mises en ?uvre de monuments funéraires, royaux ou privés et domine la sculpture jusqu'à la fin des Valois. C'est d'abord le Monument du coeur d'Henri II(vers 1561) dont les Trois Grâces, sculptées d'un seul mouvement, semblent accrocher la lumière aux plis de leur tunique. Puis, le tombeau d'Henri II, à Saint-Denis, pour lequel Primatice, qui en est le concepteur, lui demande, vers 1565, les statues de bronze des souverains agenouillés ("en priants"), sur la plate-forme et leur effigie en gisants dépouillés de leurs atours (ou "transis"), à l'intérieur de la cellule. Par la suite le tombeau des Birague, et surtout la statue gisante de Valentine Balbiani, épouse du chancelier décédée en 1572, rêveusement accoudée et lisant tandis que sous son effigie, son transi décharné rappelle la fin de toute enveloppe terrestre, élèvent Pilon au rang d'immense sculpteur, maître de la sculpture maniériste et dont on doit rechercher la filiation du côté de Michel-Ange.