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Mobilier

Armoire dite " de Clairvaux "

Armoire dite " de Clairvaux "Noyer Abbaye de Clairvaux, France Vers 1570 H. 2,46 m, L. 1,36 m ECL 20 431 L'armoire de Clairvaux -ainsi nommée parce qu'elle vient de l'abbaye de Clairvaux où, selon la légende, elle aurait été offerte par les moines à leur abbé- est indubitablement un des plus beaux exemples du renouveau du mobilier de la Renaissance française. Sa structure à deux corps est typique de la nouvelle conception architecturale qui s'impose aux meubles, mais surtout, la profusion de son décor sculpté, dans la tradition du style d'Hughes Sambin, mérite qu'on s'y arrête. Pratiquement toute la surface en noyer (une essence que la Renaissance a substitué au chêne médiéval) de ses deux corps, pourtant de dimensions importantes, est noyée sous les reliefs sculptés qui offrent de belles citations du vocabulaire décoratif de l'École de Fontainebleau. Ainsi, les remarquables termes canéphores postés, pour six d'entre eux aux angles du corps supérieur et pour le septième, en séparation des deux vantaux inférieurs, figures cocasses empruntées au Panthéon latin, sont-ils de purs emblèmes maniéristes. Comme les rinceaux des panneaux, ils ne sont pas sans rappeler les stucs du Rosso ou de Primatice à Fontainebleau. L'exubérance se poursuit avec des oiseaux, des corbeilles des guirlandes de fruits et de fleurs, des palmettes, un masque de satyre en triomphe sous le fronton, tout un univers chamarré appliqué sur un fond moucheté de petites croix comme si absolument aucune surface du bois ne pouvait demeurer vierge. Le XVIe siècle avait hérité du Moyen Âge un mobilier aux formes peu commodes. L'évolution suivra à peu près celle de l'architecture. Durant la première Renaissance, si les formes changent peu, on voit les décors s'italianiser et les médaillons, rinceaux et arabesques couvrir de leurs sculptures les panneaux de plein-bois. Bientôt, après la mort de François 1er en 1547, l'architecture règne totalement sur les armoires, cabinets, buffets, qui deviennent de petits monuments. Les deux corps des armoires se superposent en deux étages dont les façades accueillent des colonnes qui soutiennent des frontons coupés. Les sculptures peuvent être des figures allégoriques à la manière de Jean Goujon ou des atlantes musculeux qui créent des encorbellements et des saillies.