Le Sacrifice d'Iphigénie, assiette aux armes de la famille Calini
Assiette aux armes de la famille Calini, Le Sacrifice d'IphigénieNicolà da UrbinoFaïence (majolique) Urbino, Italie Vers 1525 Diam. 0, 33 m ECL 1863
Comme pour tous les arts décoratifs, l'intérêt qu'ont porté les grands seigneurs de la Renaissance à la céramique a été un facteur déterminant de son essor. Dans le cas de la majolique, le rôle d'Isabelle d'Este, marquise de Mantoue (1474-1539) doit être souligné. Ce grand mécène de la Renaissance avait marié sa fille au duc d'Urbino et c'est probablement à l'occasion d'un voyage à cette ville qu'elle prit livraison de la commande d'un service armorié faite à celui qu'on nommait le " Raphaël de la majolique ", Urbino étant la ville natale de Raphaël. On connaît actuellement 21 pièces de ce service (dont une assiette au Musée du Louvre), qui sont chacune traitée comme un précieux petit tableau.Qu'en est-il d'Anne de Montmorency qui fut, on le sait, un grand protecteur de la céramique et encouragea le travail de Bernard Palissy et Masséot Abaquesne? On ne retrouve pas de pièce italienne dans l'inventaire de son hôtel parisien et on a perdu ceux d'Écouen et de Chantilly. Cela est d'autant plus dommage que l'on connaît des pièces de majolique (dix-neuf, rescapées d'un service plus important) provenant de l'atelier de Guido Durantino à Urbino, portant chacune l'écusson du Connétable. Elles sont célèbres pour être les plus précoces (1535) des réalisations d'Urbino pour un client étranger. Il est néanmoins probable qu'elles ne sont pas une commande d'Anne de Montmorency, mais un cadeau du Cardinal Du Bellay au moment de sa présence à Rome, en 1534-1535. En tout état de cause, le Connétable avait à sa table des assiettes, des bougeoirs, des gourdes en majolique.Justement, une dernière question demeure : ces pièces merveilleuses, aux coloris somptueux, au dessin harmonieux sont-elles destinées à un usage utilitaire ? Il semble qu'il s'agirait plutôt de pièces d'apparat ou " de montre ", destinées à orner les buffets ou les crédences dressées à l'occasion des banquets. Elles font donc partie à part entière du décor en couleur favorisé par la Renaissance.
